Une bonne partie de ceux qui liront cet
article se diront certainement : « Quel prétentieux
celui-là ! Mais pour qui se prend-t-il pour faire la leçon aux
autres? Qu’est-ce qu’il a réalisé de remarquable pour se permettre de critiquer
les autres ?» Je leur donne raison. Mais comme je tiens à utiliser l’Internet
comme espace de libre expression ; qu’ils veuillent bien supporter ma
condescendance.
A l’époque où j’étais étudiant à l’université
d’Etat de Douala, je discutais avec deux autres étudiants de notre mini cité.
L’un d’eux, inscrit en Faculté des Sciences, nous fit part du projet d’édition
d’un journal universitaire dont il était porteur. Il nous demanda humblement de
lui proposer des thèmes que pouvait traiter la publication. Comme il peinait à
trouver les idées, nous lui demandâmes quelles rubriques devait contenir le
journal. Grande fut ma surprise quand il nous répondit en parlant des rubriques
consacrées aux faits divers, à l’humour, aux questions de société ou à la vie au
campus. Et moi qui croyais naïvement qu’une publication réalisée par des
étudiants d’une faculté de sciences devrait d’abord et surtout traiter des
questions de sciences ! Comme quoi, une faculté de sciences d’un pays en
voie de développement qui publie une revue scientifique de vulgarisation… il
faut aller en Amérique du Sud pour voir ça !
Ceux de mes compatriotes ou tout simplement
ceux qui vivent dans une ville camerounaise abritant une université d’Etat,
peuvent constater de leurs propres yeux la scène édifiante d’étudiants
rédigeant religieusement, dans un calme olympien, les notes de cours dictées
par l’enseignant. A vrai dire, parler de notes de cours est un abus de langage
puisque le professeur lit studieusement de larges portions d’un ouvrage académique.
Le corollaire immédiat est que la « dictée magistrale » tient en lieu
et place du cours magistral normalement prévu dans ces universités. C’est
avec une tristesse teintée d’un sentiment de révolte que je voyais par exemples
des étudiants en Droit incapables de réaliser en temps réel une synthèse de ce
que déclamait l’enseignant, se contentant paresseusement de recopier à la virgule près !
Ces étudiants avaient certainement des têtes
bien pleines pour valider des unités d’enseignement, mais auraient certainement
été peu capables de brosser à l’attention d’un public de néophytes, un tableau
concis du fonctionnement de l’appareil judiciaire camerounais. On pourrait en
dire autant d’un étudiant en économie qui livrera une excellente définition de
l’utilité marginale, mais ne pourra vous exposer avec virtuosité une
chronologie de la longue période de récession économique qu’a connu le
Cameroun.
Peut-on, au regard de ce qui précède,
conclure que ceux qui fréquentent les universités camerounaises y acquièrent,
il est vrai avec beaucoup de zèle et sans esprit critique, une connaissance inutile ?
La jeunesse, a-t-on coutume de dire, est le fer de lance de la nation. Pour ce
qui est de la jeunesse estudiantine, on constate aisément que ce fer est
fortement émoussé !
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