Il y a pratiquement un mois que les élèves de la maternelle, du primaire et du secondaire ont repris le chemin de l'école. Sur les antennes des médias audiovisuels camerounais, on a certainement eu droit aux reportages sur les parents qui peinent financièrement à pourvoir aux dépenses liés à la scolarité de leurs rejetons, sur la rentrée timide dans les écoles publiques ou le dénuement matériel de bons nombres d'établissements scolaires.
J'écoute très peu les radios -en fait des juke-boxes hertziens- du pays, je n'ai ni le temps ni l'envie de regarder les télés locales -en fait des afficheurs dynamiques de réclames publicitaires sous toutes les formes- et je me contente de lire de la une des journaux que j'aurai tort de qualifier de feuilles de choux puisque ces légumes sont utiles et savoureux. Mais je devine sans grande peine que ces médias n'ont aucunement parlé de ces parents qui achètent les places dans les établissements scolaires publiques.
Dans les chaumières et dans les bars, on ergote sans pudeur sur le cours de la place. A la fin des années 90, la place pouvait coûter jusqu'à 100 000 FCFA dans lycée ou un collège d'enseignement général et plus de 150 000 FCFA dans un établissement secondaire d'enseignement technique. A la radio, vous pourrez tomber par je-ne-sais-quel miracle sur une chronique sur le cours des matières premières mais jamais sur celle de la place, bien qu'un tel programme intéressera forcément tous les parents camerounais, agriculteurs ou pas, urbains ou pas.
Bien sûr, vous ne risquez pas d'entendre parler de ces parents qui kumbatent l'âge de leurs enfants en fabriquant de faux actes de naissance pour les faire paraître plus jeunes qu'ils ne le sont en réalité. Ceci dans le but de pouvoir leur faire intégrer un établissement public.
Je mettrai ma main au feu si une de nos feuilles de choux -euh, pardon un de nos journaux- vous sert une enquête sur ces parents qui falsifient, toute honte bue, les bulletins de leurs enfants. D'ailleurs, ces derniers ayant très vite appris la leçon savent déjà se débrouiller eux-mêmes pour le faire. Il y a bien longtemps que j'ai cessé les décompter ces adolescents d'à peine 16 ans qui venaient demander si le cybercafé où je travaille pouvais les aider à falsifier leurs bulletins de notes.
Pour illustrer à quel point la jeunesse a intégré la corruption parmi les mœurs les plus ordinaires il y a bien longtemps déjà, permettez-moi de vous racontez une anecdote personnelle. J'étais en classe de 3e dans un lycée d'enseignement général et j'aspirais poursuivre mes études de second cycle dans un lycée d'enseignement technique très couru à Yaoundé à cette époque-là.
Un jour, je demandai par simple routine à un camarade de classe, qui peu avant avait exprimé la même aspiration, s'il allait se présenter au concours du dit lycée. La réponse de mon camarade me surpris au plus haut point et me remplit de dégoût et de révolte. Il me répondit que sa mère lui avait dit qu'il ne lui était pas nécessaire de se présenter au concours puisqu'elle se chargerait de lui acheter une place au cas où il réussissait à décrocher son brevet d'étude du premier cycle. Nous n'avions alors que 16 ans et c'était en 1996 !!!
N'allez surtout pas croire que les seuls responsables du pourrissement sont les parents. Sur les professeurs, il y aurait bien de volumes d'articles à écrire en commençant par exemple par le cours de la place dans les écoles normales qui forment les enseignants. A l'école normale de Yaoundé par exemple, il y a bien longtemps que le prix de la place a atteint le million de francs CFA.
Comment s'étonner alors de la proportion ahurissante des professeurs d'une nullité à déclencher des tremblements de terre dans des zones non sismiques? Je me rappelle par exemple ce professeur d'éducation physique et sportive en 4e dont le cours ne consistait qu'à nous faire courir sur le périmètre du terrain pendant une heure !
Je ne sais pas quand est-ce qu'on a cessé d'enseigner à nos petits frères que Pluton était la neuvième planète du système solaire, mais je me rappelle de notre cours de géographie en 1995 dans lequel on nous parlait de la CECA, du Marché Commun et de la CEE comme si l'Union Européenne n'était pas né deux ans auparavant !
Que dire alors de ce professeur d'une autre classe de 4e que la mienne dont les élèves savaient qu'elle monnayait les bonnes notes au point où ceux-ci avaient inventer le néologisme "chèvrer" qui signifier apporter une chèvre (un dessous-de-table) au professeur ?!
Un ancien ministre français de l'éducation déclarait que l'école devait apporter au minimum à l'élève les compétences qui lui pouvait lui permettre d'observer, de s'exprimer, de lire, d'écrire et de compter. Si l'on peut raisonnablement douter que l'école du Cameroun échoue lamentablement à cette mission, on peut au moins lui reconnaître qu'elle nous insuffle merveilleusement bien la culture de la corruption.
J'écoute très peu les radios -en fait des juke-boxes hertziens- du pays, je n'ai ni le temps ni l'envie de regarder les télés locales -en fait des afficheurs dynamiques de réclames publicitaires sous toutes les formes- et je me contente de lire de la une des journaux que j'aurai tort de qualifier de feuilles de choux puisque ces légumes sont utiles et savoureux. Mais je devine sans grande peine que ces médias n'ont aucunement parlé de ces parents qui achètent les places dans les établissements scolaires publiques.
Dans les chaumières et dans les bars, on ergote sans pudeur sur le cours de la place. A la fin des années 90, la place pouvait coûter jusqu'à 100 000 FCFA dans lycée ou un collège d'enseignement général et plus de 150 000 FCFA dans un établissement secondaire d'enseignement technique. A la radio, vous pourrez tomber par je-ne-sais-quel miracle sur une chronique sur le cours des matières premières mais jamais sur celle de la place, bien qu'un tel programme intéressera forcément tous les parents camerounais, agriculteurs ou pas, urbains ou pas.
Bien sûr, vous ne risquez pas d'entendre parler de ces parents qui kumbatent l'âge de leurs enfants en fabriquant de faux actes de naissance pour les faire paraître plus jeunes qu'ils ne le sont en réalité. Ceci dans le but de pouvoir leur faire intégrer un établissement public.
Je mettrai ma main au feu si une de nos feuilles de choux -euh, pardon un de nos journaux- vous sert une enquête sur ces parents qui falsifient, toute honte bue, les bulletins de leurs enfants. D'ailleurs, ces derniers ayant très vite appris la leçon savent déjà se débrouiller eux-mêmes pour le faire. Il y a bien longtemps que j'ai cessé les décompter ces adolescents d'à peine 16 ans qui venaient demander si le cybercafé où je travaille pouvais les aider à falsifier leurs bulletins de notes.
Pour illustrer à quel point la jeunesse a intégré la corruption parmi les mœurs les plus ordinaires il y a bien longtemps déjà, permettez-moi de vous racontez une anecdote personnelle. J'étais en classe de 3e dans un lycée d'enseignement général et j'aspirais poursuivre mes études de second cycle dans un lycée d'enseignement technique très couru à Yaoundé à cette époque-là.
Un jour, je demandai par simple routine à un camarade de classe, qui peu avant avait exprimé la même aspiration, s'il allait se présenter au concours du dit lycée. La réponse de mon camarade me surpris au plus haut point et me remplit de dégoût et de révolte. Il me répondit que sa mère lui avait dit qu'il ne lui était pas nécessaire de se présenter au concours puisqu'elle se chargerait de lui acheter une place au cas où il réussissait à décrocher son brevet d'étude du premier cycle. Nous n'avions alors que 16 ans et c'était en 1996 !!!
N'allez surtout pas croire que les seuls responsables du pourrissement sont les parents. Sur les professeurs, il y aurait bien de volumes d'articles à écrire en commençant par exemple par le cours de la place dans les écoles normales qui forment les enseignants. A l'école normale de Yaoundé par exemple, il y a bien longtemps que le prix de la place a atteint le million de francs CFA.
Comment s'étonner alors de la proportion ahurissante des professeurs d'une nullité à déclencher des tremblements de terre dans des zones non sismiques? Je me rappelle par exemple ce professeur d'éducation physique et sportive en 4e dont le cours ne consistait qu'à nous faire courir sur le périmètre du terrain pendant une heure !
Je ne sais pas quand est-ce qu'on a cessé d'enseigner à nos petits frères que Pluton était la neuvième planète du système solaire, mais je me rappelle de notre cours de géographie en 1995 dans lequel on nous parlait de la CECA, du Marché Commun et de la CEE comme si l'Union Européenne n'était pas né deux ans auparavant !
Que dire alors de ce professeur d'une autre classe de 4e que la mienne dont les élèves savaient qu'elle monnayait les bonnes notes au point où ceux-ci avaient inventer le néologisme "chèvrer" qui signifier apporter une chèvre (un dessous-de-table) au professeur ?!
Un ancien ministre français de l'éducation déclarait que l'école devait apporter au minimum à l'élève les compétences qui lui pouvait lui permettre d'observer, de s'exprimer, de lire, d'écrire et de compter. Si l'on peut raisonnablement douter que l'école du Cameroun échoue lamentablement à cette mission, on peut au moins lui reconnaître qu'elle nous insuffle merveilleusement bien la culture de la corruption.
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