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Articles

Affichage des articles du avril, 2012

Comment notre mère contribua à me convertir au libéralisme

Quand nous étions petit, notre mère fabriquait du yaourt qu'on empaquetait dans du plastique, faisait congeler et vendait aux élèves. Son activité fournissait une bonne part du revenu de notre foyer. Comme tout commerce, l'affaire connaissait des hauts et des bas. Notre mère, plutôt brillante, pour fabriquer son yaourt que nous appelions improprement "sucettes", faisait très souvent face à une très forte concurrence. Quand ses recettes baissaient au point où subvenir au besoin alimentaire de la famille devenait plus difficile, les soucis la tenaillaient plus. J'avais trouvé une solution simple pour assurer à notre brave mère un revenu stable et sûr dans son entreprise: abolir la concurrence de la vente des produits alimentaires aux élèves dans l'établissement scolaire où elle exerçait, et bien sûr concéder à ma chère mère le monopole de cette activité! Fier de ma trouvaille, je faisais part de ma défiance vis-à-vie du marché concurrentiel et

La rigueur budgétaire, nos mères savent ce que cela signifie

La crise des dettes souveraines européennes a eu l'immense mérite de montrer à la face du monde à quel point les dirigeants européens géraient leurs états en usant d'incurie et de gabegie. Ainsi, des pays à l'instar de la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie prirent depuis des décennies l'habitude toxique de vivre au dessus de leurs moyens. Comme nos républiques bananières d'Afrique avant les tant décriés plans d'ajustement structurel des institutions de Bretton Woods. Pendant nos états d'Afrique se permettaient d'être chroniquement déficitaires grâce à la manne des puissances occidentales ou orientales géopolitique oblige, les États d'Europe s'appuyaient sur les placements d'investisseurs convaincus de la nature inaltérable des créances souveraines et aussi incités ou contraints par la fiscalité d'acheter par exemple des obligations d'état. Si nos pays d'Afrique se sont vite retrouvé à la diète aprè

Manhattan – Tombouctou : 11 ans après le 11 septembre 2001

Mardi 11 septembre  2001 . Dans un après-midi qui ressemble à bien d’autres, de retour de promenade, j’apprends par une de mes petites sœurs que des évènements inouïs se déroulent à ce moment à New-York, Etats-Unis. Des avions, comme pris de folie, s’abattent sur des immeubles. Quand ma petite sœur évoque l’éventualité d’attentats terroristes, je la réfute instantanément. Comment est-ce possible, des avions de transport de passagers transformés en bombes géantes volantes ? Comment les services de sécurité américains n’ont-elles rien vue venir ? Au début, la plupart des citoyens du monde sont abasourdis comme moi. Les premières réactions relèvent surtout de l’empathie et de la solidarité. Les manifestations de joie qui ont lieu dans de nombreux pays arabes et dans des quartiers, peuplés en grande partie d’immigrés arabes, de certaines villes d’Europe ne s’apparentent encore que de simples murmures qui meublent un cauchemar. En ces moments tragiques-là, comme le dira

Une enfance dans les livres

Un obscur chroniqueur, Dee Lee, d'une radio new-yorkaise diffusa sur les ondes un libelle violent sur le rapport au livre qu'avaient les Africains, en l’occurrence les Noirs américains. Une part importante de son propos pouvait être résumé en cette phrase : « Si vous voulez cachez quelque chose à un Noir, mettez-le dans un livre ». Indéniablement, la chronique de Dee Lee s'imprégnait fortement de préjugés racistes, manifestait une effarante méconnaissance des civilisations négro-africaines et ne se privait pas de flirter avec l'injure. Mais elle relevait aussi le dérangeante question de notre rapport avec le livre. J'ai eu le privilège d'être né de parents qui avaient compris l'importance de l'instruction non seulement par le système scolaire mais aussi par les livres. Quand notre père en avait encore les moyens, il s'était pourvu d'une petite bibliothèque qui comprenait près d'une centaine d'ouvrages. Celles qui contribuèrent le p