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Un coup de pied dans le grand footoir camerounais

Le foot et votre humble serviteur

Depuis ma prime enfance, je suis un fan de foot. Comme la plupart des petits Camerounais, j'ai rêvé de devenir footballeur professionnel, jouer dans de grands clubs africains et européens. Mais, c'était avant de me rendre compte que j'étais un fieffé mouilleur, en d'autres termes, que je jouais comme un pied et que je n'avais donc aucune chance de faire carrière. 

Malgré cela, pendant longtemps, j'ai continué à m'intéresser de très près au foot. J'aurais bien pu devenir journaliste sportif. Mais quand je me suis rendu compte à quel point le foot-spectacle nous (Camerounais) abrutissait, je m'y suis désintéressé pour porter mon attention vers des activités plus susceptibles de contribuer au développement de notre pays.

Il m'arrive encore de regarder à la télé des matchs de foot, surtout s'il s'agit de Tonnerre Kalara Club ou du PSG. Mais, quand les Lions Indomptables jouent, je suis alors heureux de pratiquer une activité qui m'évitera d'être tenté de regarder le match et je croise mes doigts pour qu'ils perdent. Autant je rechigne à fouiller les poubelles, autant je ne donne pas de peine pour suivre l'actualité du football camerounais.  

Mais la poubelle footballistique camerounaise a été tant retourné ces derniers jours que les effluves nauséabondes sont venus me submerger dans mon refuge que je suis bien obligé d'en dire quelques mots.

D'abord, deux mots sur la Fécafoot(aise)

Pour mes lecteurs non camerounais, je précise d'abord que le Fécafoot (fédération camerounaise de football), c'est l'association de malfaiteurs de type mafia sicilienne ou yakusa japonais qui fédèrent les associations de foot au Cameroun, qui y organise les championnats et qui en théorie gère nos fameux Lions Indomptables. Si vous avez eu la curiosité de cliquer sur le lien hypertexte pour mieux connaître notre inénarrable Fécafoot, votre navigateur vous a affiché la page d'erreur "403 Forbidden". Eh oui, les valeureux dirigeants de cette fédération sont plus occupés à se sucrer en usant de mille et une combines qu'à offrir un site web vitrine qui fonctionne !

J'ai écrit Fécafootaise; j'aurai bien pu aussi parler de Fécafootoir parce que c'est du grand n'importe quoi , de Fécafood parce que l'affaire-là est une véritable mangeoire pour une belle horde de rapaces ou de Fécafoux parce que ce qui s'y passe dépasse l'entendement de beaucoup.

D'abord, les présentations. Le pépère que vous voyez sur la photo de gauche se nomme Don Corleone Iya Mohamed. Elu à la présidence de la Fécafoot en avril 2000, le bonhomme a su mettre en place un plus qu'efficace système de clientélisme et de corruption qui lui a permis de faire main basse sur la fédération, contre vents et marées, ministère du sport et citoyens lambda (sic), Bell Joseph Antoine et Milla Roger, et j'en passe des meilleurs.

Ne vous fiez pas à son air débonnaire et réservé, au ton posé de sa voix. Politiquement parlent, ce monsieur est un tueur qui a grillé au moins six ministres de tutelle et a renvoyé à leurs études les anciennes gloires du foot aui osèrent se dresser contre lui.

Mais après 13 années de règne des plus controversés, le gouvernement excédé a fini par lui trouver des poux sur la paume des mains et Iya Mohamed est aujourd'hui incarcéré pour des soupçons de détournement dans une entreprise où l'Etat possède des actions.

Iya est mort, vive Iya !

Entretemps, les élections sont organisés à la Fécafoot et bien qu'emprisonné, Iya est de nouveau réélu président avec 94% des voix. Chapeau l'artiste !!! On voit bien que la "famille" sait très bien qui est son Parrain.

Les anti-Iya ont souhaité qu'il soit battu puis que l'élection soit invalidé. Ils peuvent sabrer le champagne: le deuxième souhait a été exaucé! Et voilà qu'on se met à rêver que les rênes du foot camerounais soient repris par des mains moins corrompues, moins corruptrices et plus compétentes. Pour la compétence, je ne sais pas trop mais pour la corruption, il serait plus réaliste de rêver traverser l'Océan atlantique à la nage.

Quoi? que je ne devrais pas être pessimiste? Ok, j'accepte de positiver et de croire que la dame Marlène Emvoutou, candidate à la présidence de la Fécafoot, qui a avoué publiquement avoir versé des dessous de table aux membres du comité exécutif, peut laver le maillot sale du foot camerounais souillé par la boue de la corruption. Mieux encore, la dame est autant généreuse avec son argent qu'avec ses poings ! La preuve en vidéo:


Des solutions à ce cirque qui amuse peu?

J'avoue que la question me surprend un peu parce que je n'y réfléchis plus il y a bien longtemps. Peut-être est-ce parce que je pense en avoir trouver des forts simples à tout ce capharnaüm.  Des choses toutes évidentes comme l'oeuf de Christophe Colomb. Lisez plutôt:
  • Arrêter de subventionner la Fécafoot et les Lions Indomptables. Je ne comprends pas pourquoi des anti-Lions de mon acabit devrait payer pour pour que le coach de l'équipe nationale de foot touche des dizaines de millions de nos francs. Que la Fécafoot de se débrouille elle seule, comme une grande, pour payer les encadreurs techniques et les primes des joueurs.
  • Cesser de faire du foot une cause nationale, m... alors!!! Ce n'est qu'un jeu avant tout, un spectacle plaisant et divertissant très souvent, mais quand même pas une question de souveraineté ou d'orgueil nationale! Qu'on arrête donc de comparer nos footeux de l'équipe nationale aux soldats de notre armée: les premiers risquent au plus de se blesser et les seconds peuvent perdre leurs vies pour de bon. 
  • Cesser de se turlupiner le cerveau pour trouver les moyens de construire des stades de foot: pourquoi se gêner avec de nouveaux éléphants blancs ? Si le foot rapporte vraiment, les municipalités et les clubs de foot trouveront bien des investisseurs pour cela.
  • Cessez de fermer les yeux sur la culture de la fraude notamment le phénomène des matchs truqués et surtout la falsification systématique de l'âge des footeux pour les faire paraître bien plus jeunes qu'ils ne le sont en réalité...

Stade omnisport de Bafoussam jamais achevé !












Mais, mon alarme cérébrale me signale que je ne vais pas me faire des amis, surtout pas avec la dernière proposition. Au Cameroun, détourner de l'argent public quand on est fonctionnaire c'est mal, mais falsifier des papiers d'identité pour gagner des compétitions c'est tout aussi innocent qu'accompagner son bambin à la maternelle. Alors, je m'arrête là, mais avec l'idée d'écrire un autre billet sur la pratique de fraude chez les adolescents et les citoyens lambdas. Comme quoi chez nous, quand il s'agit de foot et bien au-delà, la fraude c'est du berceau à la tombe. 

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