Disons-le tout de suite : tout projet d’en finir avec
l’étolâtrie est une chimère. J’entends par étolâtrie cette attitude de mes
concitoyens camerounais qui consiste non seulement à porter une admiration sans
bornes et sans retenue au footballeur Samuel Eto’o, mais aussi à relativiser
ses écarts de conduite et déplacer les repères moraux au gré du comportement
d’Eto’o.
La critique d'Eto'o motivée par la jalousie. Vraiment ?
Il y a quelques semaines, quand j’ai osé publier un statut sur
Facebook où je me réjouissais du fait que les Lions Indomptables, en ayant de
bons résultats sans Eto’o Fils, contribueraient lentement mais sûrement à
renvoyer Eto’o dans les oubliettes de l’Histoire, les étolâtres me sont tombés
dessus à bras raccourcis. Connaissant la propension de ceux-ci à traiter de
jaloux tous les « hérétiques » qui se risquaient à critiquer Eto’o,
j’acceptais cette accusation en prenant soin de préciser que la jalousie était
différent de « l’envie » afin de lever une ambiguïté sur son usage dans
la langue française telle que pratiquée
au Cameroun.
D’une part, il y a une jalousie positive, celle par exemple d’un
parent envers son enfant qui pousse le parent à désirer le meilleur pour son
enfant, à œuvrer pour lui épargner de mauvaises influences ou à le corriger
quand il a mal agi afin de lui apprendre à emprunter la bonne voie. Il y a
aussi la jalousie réciproque de deux amants parce qu’ils doivent éprouver l’un
pour l’autre un amour exclusif. D’autre part, il y a l’envie qui consiste à
haïr l’autre parce qu’il jouit du talent, de la notoriété, de la considération
populaire ou de la fortune qu’on aurait aimé bénéficier à sa place.
Il ne vient pas à l’esprit des étolâtres qui confondent obstinément
jalousie et envie que tout le monde ne rêve pas de devenir footballeur – encore
moins grand footballeur -, ni d’être connu et adulé par le monde entier ni de
jouir d’une immense fortune parce qu’un revenu bien plus modeste mais suffisant
pour prendre soin d’eux-mêmes et de leur famille contribuerait largement à leur
bonheur. Il ne leur vient aussi nullement en esprit qu’une attitude critique
envers Eto’o peut dériver d’une jalousie positive pour notre pays et pour sa
jeunesse.
Eclairage sur une idolâtrie
Disons-le tout de suite pour clarifier les choses : Samuel
Eto’o a été génie du football, son palmarès impressionnant devait peu à la
chance et son incommensurable fortune était plus que méritée. Malheureusement,
il a été et continue à être une plaie morale dont notre pays pourra
difficilement guérir. Cela dit, rendons un tant soit peu justice à Eto’o :
si des Camerounais lui ont rendu un culte sans bornes, c’est parce qu’ils y
étaient disposés dans leurs esprits bien avant qu’Eto’o n’apparaissent sur la
scène. S’il n’y avait pas eu Eto’o, tôt ou tard, il y aurait d’autres idoles de
l’acabit d’Eto’o.
Dans ce billet, le mot « idole » prend tout son sens
quand on considère sa signification dans la morale chrétienne. Une idole est un
faux dieu, un objet inanimé ou un être vivant à qui on voue à tort un culte, et
qui nous incline ou amplifie notre inclination aux dérives morales telles que
les excès en tout genre, l’amour de l’argent, de la gloire, du sexe, un égo
démesuré et je passe sur bien pire encore. La Bible nous parle d’idoles à qui
on sacrifiait non seulement des animaux, mais aussi des êtres humaines. De
plus, l’idole nous tient écarter de la vérité et nous complaît dans le mensonge
et la corruption.
Argent et vanité
Il est frappant de constater à quel point l’idole Eto’o a révélé
encore plus le goût que des Camerounais ont pour l’argent. Il faut voir ces
jeunes chômeurs des quartiers pinailler à longueur de journée sur les revenus mirobolants
d’Eto’o, surtout après conversion en francs CFA. On s’extasie d’apprendre qu’il
possède un jet privé, qu’il s’achète les voitures les plus chères. On rêve
d’être aussi riche que lui bien que statistiquement, cela soit trop peu
probable, surtout par le moyen du métier de footballeur. Quand on la formidable
chance de rencontrer Papa Eto’o lui-même en chair et en os, on tend avec joie
l’obole pour recueillir une aumône à faire pâlir d’envie ceux qui préfère
trimer pour gagner leur vie.
Avant Eto’o, on savait au Cameroun que l’argent était la
mesure-étalon nécessaire et suffisante d’une vie réussie. Peu importait que
cela inclinait à la corruption. Avec Eto’o, nous a avons eu la pleine
confirmation. Eto’o lui-même a su dès le départ de son impressionnante carrière
que gagner beaucoup d’argent serait le marqueur de sa réussite individuelle et
sociale, peut-être même plus qu’un palmarès inégalable.
J’illustre ce propos par une anecdote. Nous sommes en 1997,
Eto’o vient juste d’intégrer le Real Madrid CF. Lors d’un séjour au Cameroun,
Eto’o est l’invité d’honneur d’un tournoi de vacances à Bounamoussadi, un
quartier de Yaoundé. Le reporter du match l’interviewe et fait remarquer avec
un brin de mesquinerie qu’Eto’o n’a pas encore intégré l’équipe première du
Real Madrid. A cette remarque, Eto’o a milles bonnes réponses possibles comme
tout simplement rappeler qu’il est jeune, qu’il a beaucoup à apprendre et qu’il
dispose donc du temps pour finir par gagner une place de titulaire. Mais voici
en substance sa réponse : « Peu import que je sois remplaçant
pourvu que je gagne mon argent. » Vous
avez dit vanité ? Le plus triste est qu’une large partie des spectateurs
présents approuvent son propos.
Des journalistes stipendiés
Si Eto’o se contentait de gagner de l’argent pour satisfaire sa
vanité, il serait presque le seul à en pâtir. Le problème est qu’il a utilisé
son immense fortune pour acheter à grande brassée l’allégeance de maints de ces
coéquipiers de l’équipe nationale, des membres des instances dirigeantes du
football camerounais et pis encore des journalistes, notamment des journalistes
sportifs. Et c’est ce dernier point qui m’attriste le plus. Des gens, dont le
métier est nous informer honnêtement, le plus possible sans parti pris, ont
mangé dans la main de quelqu’un qui a toujours voulu polir son image auprès du
grand public.
Une fois ces journalistes stipendiés, Eto’o pouvait avancer des
gros mensonges que le grand public acceptait naïvement et qu’aucun journaliste
ne se permettait de remettre en question. Parmi ces gros mensonges, je ne
citerai que ces cas où il osa dire déclaré à la télé en 2005 qu’il avait obtenu
le titre de meilleur buteur du championnat espagnol mais pas celui de Pichichi,
et où il prétendit avoir offert au gouvernement camerounais deux ambulances de
400 millions frs CFA chacune – vous avez bien lu ! – bien qu’il fût peu
probable que leur valeur individuelle dépassa 30 millions.
Les journalistes et commentateurs sportifs restaient bien cois
quand Eto’o se permettaient des écarts de conduite comme prendre de petites vacances quand ces
coéquipiers étaient déjà en stage pour préparer la coupe du monde 2010,
recevoir des visites en plein tournoi bien que cela n’était pas permis,
s’opposer publiquement à une décision de son entraîneur pendant un match,
cesser de s’entraîner sous prétexte qu’il pleuvait ou se rendre au stade dans
son propre véhicule au lieu d’emprunter le bus avec l’équipe bien qu’il en soit
le capitaine.
N’allez surtout pas croire qu’Eto’o n’avait mis dans sa poche
que des journalistes lambdas dont on se demandait par quel miracle ils parvenaient
à gagner leur vie. Il y eu aussi ceux qui avaient fait leur preuve et gagner
l’estime des Camerounais. Je ne limiterai qu’à évoquer Emmanuel Gustave Samnick,
transfuge du quotidien La Nouvelle Expression, et Martin Camus Nimb,
journaliste à Equinoxe puis à STV, qui reçurent de Samuel Eto’o qui
reçurent de Samuel Eto’o les fonds pour lancer respectivement les journaux L’Actu et L’Actu-Sport et la chaîne de radio Radio Sport Info. Ces journalistes ne s’étaient pas posé de
question sur le risque de conflits d’intérêt, d’autant plus leur « généreux »
bienfaiteur était un acteur controversé de l’actualité.
Le patriotisme des imbéciles
Mais soyons juste : tout le monde n’idolâtre pas Eto’o par
intérêt. Il y a ceux-là qui font grâce à Eto’o d’avoir fait honneur à notre
pays. En mai 2005, le FC Barcelone gagne le match qui lui permet de devenir
champion d’Espagne. Pendant que ses coéquipiers réjouissent sur le terrain,
Eto’o coure vers le vestiaire. Quelques minutes après, il en ressort drapé du
drapeau camerounais. Dans les bars et les chaumières où cet évènement est
télédiffusé, des clameurs s’élevèrent et une ferveur patriotique réchauffa le
cœur des Camerounais. Je fis parti de ces Camerounais-là séduits par les
trompettes du patriotisme des imbéciles.
Samuel Eto’o, issu de la génération 70-80 comme beaucoup d’entre
nous, fut gavé des mensonges des régimes Ahidjo puis Biya qui nous firent
croire que l’une des expressions les méritoires du patriotisme consistait à
afficher aux yeux du monde sa nationalité camerounaise… non pas à lutter contre
la corruption ou à œuvrer pour la démocratisation de notre pays. Quand Samuel
Eto’o affiche sa fierté aussi ostensiblement d’être Camerounais, il participe à
cette vielle entreprise d’abrutissement par ce patriotisme des imbéciles. Et
quand nous disons être fier d’avoir comme concitoyen un Samuel Eto’o, nous
tombons dans ce piège-là.
Moi dans ce post c pas tant ce que tu dis sur Etoo qui frappe d'ailleurs je ne comprend même pas comment les gens peuvent ils ne pas reconnaître au delà de ce qu'il représente et ce qu'il a fait pour le Cameroun que certains de ces agissement ne sont pas bons. Si on peut reprocher les agissement des chefs d'Etats quel qu’ils soient pourquoi la conscience collective des camerounais ne veut -elle pas admettre qu'on puisse reprocher deux trois choses à Etoo fils c vraiment inquiétant d'où tout le sens d ce terme Etoolatrie bon bref cependant j'ai lu dans ton post pas mal d'accusation grave sur des contemporains et contrairement à Etoo te suivant ton propre raisonnement ne sont pas des personnes publiques j'espère donc que tu aurais le minimum d'éléments d épreuves pour sous tendre de tels insinuations sinon gare aux diffamations qui peuvent très vite te faire déchanter si tu n’arrives pas à produire de preuves. Sinon ts écris sont plutôt très intéressants mon cher MANENG
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