Il y a quelques mois, je me suis fait copieusement insulter
par des compatriotes parce que je révélais mon incapacité à pleurer sur les
tombes de nos soldats mort en combattant Boko Haram. J'expliquais cette
incapacité par le souvenir encore trop douloureux des massacres de leurs
propres concitoyens que ces soldats avaient accomplis en 2008.
J'aurai pu aussi bien ajouter ces multiples vexations que la
trop grande proportion de voyous de notre armée font subir à la population,
mais j'avais préféré m'en tenir à la répression des émeutes de la faim qui
montrait à quel point notre armée est notre ennemi. Et quand notre ennemi
permanent (l'armée) se bat contre un ennemi temporaire (Boko Haram), il est
indécent d'exiger que nous manifestions de la compassion pour notre premier
ennemi.
Pourquoi cette piqûre de rappel ? A cause de ce qui vient de
se passer il y a quelques minutes à Yaoundé, quartier Melen, en face de l'Ecole
Polytechnique, après qu’un camion de la Garde Présidentielle (la division de
soldats voyous qui assurent la sécurité du Roi Fainéant) et une voiture taxi
soient entrées en légère collision. Parler de légère collision est même exagéré
puisqu’il n’y a pratiquement pas eu de dommages matériels, encore moins de
victimes humaines.
Comme nous le savons tous, les chauffeurs des camions de l’armée
et nos taximens ne se distinguent pas spécialement par leur zèle à respecter
scrupuleusement le code de la route. Mais dans le récit qui nous concerne, le
chauffeur de taxi est fautif. Ce dernier, conscient de la beauté des draps dans
lesquels il s’est mis, s’empresse de sortir de son véhicule pour s’excuser à
force de supplications auprès de l’escouade de voyous qui descendent dare-dare
du camion pour bastonner l’infortuné taximan.
Soyons juste et relevons quand même qu’un des soldats de la
GP essaie en vain d’empêcher ses collègues de « corriger » le malappris
qui a osé les contrarier et d’une même coup, donner une leçon à la population puisque
cette scène a lieu en public, dans une zone de grande affluence. Ajoutons aussi
que le pauvre taximan ne devra son salut qu’à un adjudant-chef en civil qui
passait par là.
Cela dit, si le comportement du soldat de la GP qui essayait
de calmer ses collègues et celui de l’adjudant-chef sont honorables au plus
haut point, il ne compense en rien les vexations régulières de l’armée sur la
population. Autrement dit, deux êtres humains placés dans un zoo ne transforment
pas par leur seule présence ce milieu en colonie d’homo sapiens.
Comment en est-on arrivé à avoir une armée qui soit le
premier ennemi armé de la population ? D’accord, le Roi Fainéant et son
régime clientéliste et corrompu y sont pour beaucoup. Mais, nous citoyens
lambdas en sommes les premiers responsables. Comment cela ? En
acceptant complaisamment que nos parents ou nos frères envoient dans l’armée
non pas les enfants ou les frères les plus respectueux de la vie et de la
dignité de leurs concitoyens, mais plutôt les enfants ou les frères voyous en
espérant que l’armée les canaliseraient.
Aujourd’hui, nous payons le prix de cette complaisance.
Je m'inquiète toujours de nos libertés s'il faille que ces militaire raflent les villes comme sollicitent certains par emotion
RépondreSupprimer