Qui se rappele encore de cette après-midi du dimanche 30 juin 2002 où Biya'a bi Mvondo Paul Barthélémy, président de la république du Cameroun, accorde une interview surprise à le télévision nationale -je veux parler de l'inénarrable CRTV- à la surprise générale. Un peu plus ou un peu moins d'un heure avant, il a limogé le vieux Koungou Edima Ferdinand, alors ministre de l'admistration territoriale, suite l'échec piteux de l'organisation du scrutin électoral qui devait se tenir ce jour-là.
A l'annonce radiodifusée du coup de savate présidentiel dans les fesses de son grabataire de ministre et du report du déroulement du scrutin, j'entends un voisin se pâmer de ce qu'il considère être une décision digne d'éloges. Ce voisin déclare à qui veut l'entendre:"Popol est un Grand Président !" J'aurai peut-être du me demander à cet instant: Qu'est-ce qu'un Grand Président ? La première réponse à cette question hautement philosophique, c'est le Grand Président himself qui allait me l'apporter ce même dimanche après-midi.
En effet, notre sommité présidentielle déclara lors de l'interview que ce ne fut que la veille qu'il fut informé par "on" que la tenue du scrutin à la date convenue était plus que problématique. Mais qui pouvait bien être ce "on" ? La presse, les partis politiques de l'opposition, des organisations de la société civile qui, durant les jours, les semaines et même les mois précédents dépensèrent des tonnes de papier, d'encre ou de décibels pour alerter l'opinion et le gouvernement sur l'impréparation de l'échéance électorale ?
Par "on", le Grand Président voulait-il parler de l'administration qui est sous son autorité, des nombreux services de renseignements que notre constitution et nos lois mettent à sa disposition ? Dans ce cas, on se demande comment ceux-ci prirent tant de peine à retrouver le numéro de téléphone du Grand Président pour ne l'appeler qu'à la veille du scrutin.
Quoi qu'il en soit, la première réponse à la question brillait par son évidence. Un Grand Président ne lit pas la presse de son pays, n'écoute ni ses concurrents politiques ni la société civile. Pis encore, il est difficilement joignable au téléphone par son administration.
A l'occasion du retour de Biya bi Mvondo Paul barthélémy d'un [long] séjour privé en Europe, le journal satyriquePopoli commit le crime de lèse-majesté de titrer: "Le grand vacancier est de retour !" Les temps ont bien changé puisqu'on incarcère plus des scribouillards qui font affront à notre Grand Président. Ces esprits chagrins peinent à comprendre que rendre caduques les dispositions constitutionnelles à propos de vacance du pouvoir du fait d'une absence prolongée du territoire contribuent à la grandeur d'une présidence.
La deuxième réponse à la question me vient à l'esprit quand je me rappelle la mansuétude dont bénéficiait le Grand Président de la part mes mères. Elles disaient de lui qu'il était un Bon président mais qu'il était mal entouré. Au risque de paraître macho, je remarque que nos mères veulent plus d'un bon président de qui elles sont proches affectivement que d'un "grand président", expression plus utilisée par nos mâles. Donc, deuxième réponse: un Grand Président n'est pas comptable des incompétences et des méfaits de son entourage, même si c'est lui qui l'a choisi.
La troisième réponse sortit de la bouche d'un débrouillard qui gagnait sa vie en vendant des biscuits aux voyageurs dans des bus de transport interurbain: "Il n'y a que trois choses de nouveau que Paul Biya a apporté au cameroun: le chômage, le benskin et le call-box." Difficile de dire mieux.
Commentaires
Enregistrer un commentaire