En 2012, quand deux tiers du territoire
malien est tombé entre les mains d’une coalition armée d’indépendantistes
Touareg et des islamistes plus ou moins liés à Al Qaida, je fus surpris de voir
sur le fil d’actualité de mon mur Facebook une publication d’un certain
« ami » accusant l’ancien Président français nicolas sarkozy d’avoir tout orchestré pour déstabiliser le
Mali. Cette accusation était si grotesque que je ne pris même pas la peine de
suivre le lien de l’article sensé l’étayer. Peut-être j’eus tort et que cet
article m’aurait révélé que la
France voulait faire main basse sur les formidables richesses
naturelles du Mali. Comme les sables du Sahel, des gisements de sables bitumeux
ou de gaz de schiste qui ne seront découverts que dans 20 ans.
Ce n’était pas la première fois pour moi
d’entendre qu’on mette tous nos malheurs (ou presque) au passif de la France. Déjà en 1987, je me
souviens que la mort de thomas sankara
était mise au crédit du pays que présidait alors François Mitterrand. Peu importait
que les enquêtes menées par des médias de référence tels que le magasine Jeune
Afrique, n’aient établis ni des rapports d’intelligence, ni des rapports de
complicité entre Paris et le camp blaise
compaore. La croyance en la culpabilité universelle (ou presque) de la
nation de « nos ancêtres les Gaullois » relevait plus de l’idéologie
que de fait.
Cette idéologie qui se nourrissait à la
manière du tiers-mondiste satisfaisait amplement la paresse et l’inculture
intellectuelle. Point n’était besoin d’avoir étudié l’Economie de fond en
comble pour s’expliquer le pourquoi de notre retard économique. Même les
enfants que nous étions à cette époque là savions la raison pour laquelle la
flotte de la défunte SOTUC (Société des Transports Urbains du Cameroun) n’était
pas constituée de bus flambants neufs et haut de gamme : les bus flambants
neufs que la République Fédérale
d’Allemagne nous offrait étaient récupérés par la France qui, nous envoyait
de vielles Renault en retour.
En 1990, quand le gouvernement algérien mit
fin au processus électoral qui tournait à l’avantage écrasant du FIS (Front
Islamique du Salut), mon père attribua cette décision au soutien et à
l’entregent que la France
accordait à un pouvoir nationaliste issu d’un mouvement de libération qui
chassa pourtant la France
de l’Algérie 30 ans plus tôt. Mon père et ceux de sa génération étaient aussi
persuadés de l’existence d’accords secrets entre la métropole française et ses
anciennes colonies d’Afrique, même s’ils n’étaient pas capables de vous dire
quand et où ces accords avaient été signés, ni de vous en citer en substance
quelques clauses. Comme quoi, l’idéologie anti-française qui inspirait autant
bon nombre de légendes urbaines pour enfants que des fables conspirationnistes
pour adultes.
Nous sommes aujourd’hui en 2012 et
l’idéologie anti-française a plus que jamais le vent en poupe. Surtout après le
rôle prépondérant qu’a joué la
France pour renverser la dictature de khadaffOU en Libye et contraindre manu militari gbagbo, qui refusait de reconnaître sa
défaite électorale, à lâcher les rênes du pouvoir en Côte d’Ivoire. Il nous
sera donc toujours plus facile de clamer « C’est la faute de la France !» que de nous
épuiser à considérer notre propre responsabilité dans le marasme que nous
vivons.
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