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Si la CRTV vous était contée

Cameroon Radio & Television
Cameroon Radio & Television (Photo credit: Wikipedia)
Un de mes professeur nous dit un jour qu'il fallait beaucoup de courage pour regarder la CRTV télé, la chaîne de télé publique du Cameroun. Il ne croyait pas si bien dire tant la télé publique, qu'on avait fini par surnommer Canal Mendozé, ne perdait jamais une occasion de mettre en rogne les jeunes télespectateurs dont les familles ne pouvaient pas encore se permettre de s'abonner à la télévision par câble. C'était en 2002 et bien que Gervais Mendozé soit parti il y a cinq ans, la CRTV continue de porter les blessures pulvérilentes de son ère qui dura près de 30 ans.

La génération de Camerounais nés dans les années 90 ne peuvent se souvenir de cette CRTV qui nous régalaient avec des fuilletons et des fictions télé produites localement telles que L'orphelin, L'étoile de Noudi, les Feux de la rampe ou Clin d'oeil. Soyez-en sûres, j'en oublie bien d'autres. Les enfants que nous étions raffolions des dessins animés tels que Colargol, Rahan ou Bugs Bunny.  La fiction traditionnelle du dimanche après-midi nous donnait l'occasion de rejouer les scènes du film, surtout quand il s'agissait d'un film de guerre ou d'un western.


I met an old friend in the film museum of Wars...
I met an old friend in the film museum of Warszawa :-) colargol (Photo credit: Wikipedia)

Bien sûr que tout n'était pas rose. Nous trouvions tellement soporifiques The bear, the tiger and the others -peut-être à cause de la barrière de la langue; Romance, une émission littéraire consacrée à la poésie; Classique, un véritable ovni télévisuel conçu et présenté par Dieudonné Oyono, enseignant et spécialiste en relations internationales, et portant sur la musique classique; un programme sur le jazz qui vous faisait comprendre pourquoi ce nom, en français populaire du Cameroun, servait aussi à désigner une recette de cuisine à base de haricots rouges et de tomates.

Bugs Bunny
Bugs Bunny (Photo credit: Wikipedia)
Les adultes trouvaient matière à se divertir grâce aux sagas françaises, brésiliennes ou américaines tell
es que Cathérine de Montsalvy, Isaura ou Dynastie. A cette liste si loin d'être exhaustive, j'aurais pu ajouter le succès planétaire Dallas, mais je doute for
t qu'un forte proportion d'anglophones camerounais goûttaient à cette série dont les dialogues se tenaient en anglais américain.

Pour s'intruire à propos du code de la route, on pouvait suivre Trafic, l'émission d'Elie Pokam Mopo. Un programme hebdomadaire nous présentait l'air culinaire du pays. Des productions étrangères bien choisies de vulgarisation enrichissaient notre culture économique, scientifique et générale. Si vous vouliez tester l'étendue de votre vocabulaire dans la langue de Mollière, vous aviez le jeu télévisé Cherchez le mot. Les anglophones, plus au fait de la tradition anglo-saxonne des débats académiques, étaient servis avec The Debate. Pour nous tenir informer de l'actualité internationale, la CRTV diffusait des émissions de revue telles que Regard sur le monde et The World this week.

Un seul article de blog offre un espace trop limité pour que je puisse décrire ce que fut la CRTV de la belle époque. Je compte revenir sur le sujet dans d'autres articles. Mais il n'y aura peut-être jamais assez de mots pour faire comprendre le profond dépit d'un télespectateur qui vécut l'avilissement de notre chaîne nationale au point où il lui est presque devenu impossible de la regarder de nouveau. Pis encore, la CRTV version décadente a fait de nombreux enfants zélés comme Canal 2. C'est ce qui me rend encore plus triste.
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Commentaires

  1. nostalgie. nostalgie. la belle époque

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  2. Vérité.
    C'était la belle époque dud temps du DG Monsieur Etoga Eily Florent. Le culte de la personne du prof Mendo Ze a rendu cette chaîne totalement indigeste, fade et horrible aux Camerounais. Une chaîne publique n'a pas vocation à être religieuse. Les Camerounais avaient accueilli avec beaucoup de soulagement la diversité mediaque. Je suis convaincue que le malheur du prof est parti de cette surprésence télévisuelle. Il aurait été moins visible qu'on l'aurait peut-être oublié.

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