
Et on peut très bien les comprendre. Comment les Français pouvaient-ils supporter pendant cinq ans de plus un personnage qui se mêlait de tout ou presque, donnait son avis sur tout, exprimait un grossière hypertrophie de soi, recourait régulièrement à un langage vulgaire parfois en public ou manifestait un penchant autoritaire envers ses collaborateurs ?
Je ne parle même pas de ses discours trahissant une inquiétante inculture (le fameux discours de Dakar), une propension aux déclarations clivantes comme à Grenoble en 2011 après des émeutes provoquées par des jeunes français ou non d’origine maghrébine, ou à son saugrenu débat sur l’identité nationale française qui laissait surtout la porte ouverte aux proses xénophobes.
Depuis que je suis l’actualité politique camerounaise et d’ailleurs, plus de vingt ans déjà, c’était ma première fois d’entendre de la bouche d’un chef d’Etat à l’endroit d’une personne qui l’insultait : « Descend ici si tu es un homme ! » ou d’un autre qui refusa de lui serrer la main : « Casse-toi, pauvre con ! ». Ma première fois aussi de voir un président d’une grande nation démocratique d’Occident laisser son fils de 23 ans vouloir prendre la tête d’une institution publique… comme si la France était devenue une république bananière africaine.
Lorsqu’en 2007 Nicolas Sarkozy postulait à la présidence française, il avait ma sympathie même si sa rhétorique extrême, du genre « nettoyer les quartiers au karcher » ou «la racaille » me laissait dubitatif. J’admirais en Sarkozy un trait de caractère que je croyais naïvement être du dynamisme mais qui, par la suite, dévoila son vrai visage : une hyperactivité puérile et un exhibitionnisme motivé par un égo étouffant.
Une majorité de Camerounais, du moins ceux qui s'intéressent peu ou prou à la politique française, s'est réjoui de la défaite de Sarkozy. Elle lui reprochait de vouloir freiner le flux migratoire africain vers la France et son intervention militaire en Côte-d'Ivoire et en Libye. C’est à peine s’il l’on a pas assisté à des manifestations de joie dans les rues de Douala et de Yaoundé.
Pour ce qui est de la Côte-d’Ivoire, qu’on me permette d’affirmer avec certitude que ce pays serait encore plongé dans une guerre civile atroce si la France n’avait pas modifier le rapport de force militaire en faveur des Forces Nouvelles qui soutenaient la légalité républicaine. Quand au cas libyen, j’avoue avoir été bien naïf en soutenant une opération qui a consisté à renverser un dictateur fantasque pour contribuer à porter au pouvoir des gens qui, lentement mais sûrement, mettent sur pied une dictature islamiste.
Si j’étais citoyen français, j’aurais néanmoins voter Sarkozy en serrant les mâchoires parce que François Hollande est de loin moins compétent que lui et que son programme économique, s’il était appliqué, accélérera le déclin de la France. Mais je dois admettre pourtant que la défaite de Nicolas Sarkozy était bien méritée.
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