Accéder au contenu principal

Du dernier discours de Biya Paul, Roi Fainéant Grand Président

Si vous me demandez quand est-ce que Biya’a bi Mvondo Paul Barthélémy s’est adressé aux Camerounais pour la dernière fois, je vous réponds les doigts dans le nez: «Le 31 décembre 2012, entre 20 h et 20 h 15 pour être plus précis». Si vous m’interrogez sur la date de sa prochaine allocution télévisée, je réponds de nouveau: «Le 10 février 2013, à la veille de la célébration de la fête nationale de la Jeunesse». Non, détrompez-vous: je ne dispose pas d’une mémoire ou d’une perspicacité plus remarquables que celles de la moyenne de mes concitoyens camerounais. C’est juste que notre Nnom Gui -en français, Père des Nations- est si prévisible comme les aiguilles d’une montre en panne.


Par an, notre Popol bien-aimé s’adresse pendant  30 min -non, votre vue ne vous joue pas de vilains tours!- aux citoyens d’un pays dont il est sensé être le premier des fonctionnaires, fonctionnaire élu qui pis est. Et encore, estimons-nous heureux si son discours n’est pas au préalable enregistrer depuis l’extérieur du pays comme ce fut le cas en février 2000. En soulignant le fait que notre génial président ne juge pas utile de consacrer plus d’une demi-heure de son pénible labeur présidentiel à s’adresser à ses concitoyens, je ne risque pas grand-chose puisque ma qualité de citoyen lambda et blogueur microscopique du méga-univers blogosphéral m’épargne un coup de savate dans le postérieur.

Les journalistes -bon, disons plutôt journaleux- de Canal 2 International, certainement la chaîne télé la plus regardée dans nos centres urbains, ne peuvent pas en dirent autant. L’une d’entre eux, Soflane Kengne, avait eu le malheur d’oublier le temps d’un papier qu’elle travaillait pour une machine télé à faire du fric et qui n’a pas son pareil pour tirer le tiroir-caisse vers le haut et le téléspectateur vers le bas. La brave demoiselle a impudemment remarqué que le conseil de ministre présider par notre bosseur de président n’avait duré que... 30 min !

Résultat: suspendue vite fait bien fait et sans autre forme de procès! Ce qui me chagrine quant à son triste sort, c’est qu’elle n’avait pas rappelé dans son article que le président n’avait convoqué que deux conseils de ministre depuis trois ans ! Elle se serait toujours fait limogée, mais au moins avec la pleine conscience d’avoir commis une faute professionnelle passible de poursuite judiciaire au pénal. 

Mais ne soyons pas négatifs du tout au tout et ayons l’honnêteté de reconnaître que notre Grand Président offre six heures de réception par an au palais présidentiel en deux occasions: la fête nationale au soir du 20 mai et la cérémonie de présentation des vœux de la bureaucratie budgétivore étatique et du corps diplomatique. Notre impayable CRTV, la télé publique, et Canal 2, qui sait plus que quiconque qu’être dans les bonnes grâces du pouvoir  est plus que bon que pour les affaires, nous font vivre ces évènements en direct. Ainsi, on ne pourra pas dire que Biya Paul se soustrait de la vue des Camerounais.

Au fait, qu’a dit le président au soir du 30 décembre 2012 ? Réponse facile: «Rien !». Ou plutôt, quasiment les mêmes promesses vagues, les mêmes condamnations de la gabegie et de l’inertie d’une administration dont il a pourtant la charge, les mêmes énumérations à la Prévert des grands travaux, les mêmes exhortations à persévérer dans l’effort comme si nous avions besoin de cela, comme si le résultat économique de l’incurie de sa présidence nous laissait d’autre choix que de persévérer dans l’effort et la débrouillardise en attendant des lendemains plus radieux quand le Roi Fainéant Grand Président ne sera plus là. 

J’ai écouté le discours du président parce que j’ai toujours la naïveté d’espérer l’entendre lire un jour sa lettre de démission... Bien que je sache que Biya Paul ne songe se retirer qu’au plutôt en 2035, quand dixit le Grand Président le Cameroun deviendra un pays émergent. D’autant plus qu’au regard du travail harassant qu’il abat, il est très bien parti pour ne mourir de vieillesse qu’en 2050.  D’ailleurs, dans l’esprit de notre président, le Cameroun en est sur la voie puisqu’il table sur une croissance du PIB de... 6% !  A croire que notre président décrètera ce taux comme on décrète la gratuite de l’établissement d’une carte nationale d’identité.

Pendant lediscours présidentiel, j’entendais un brave concitoyen applaudir à plusieurs reprises. Je me suis demandé après coup si je n’avais pas manqué une déclaration saillante. Mais le fait que ce concitoyen se trouvait dans un bar me fit comprendre que les vapeurs de l’alcool l’avaient élevé dans l’univers de Biya Paul au point de faire partie de l’infime minorité de citoyens qui accordent encore vraiment du crédit aux adresses présidentielles. Quant, à une écrasante majorité de Camerounais, elle estimait avoir mieux à faire que de consacrer un quart d’heure de leurs vies à écouter et regarder Biya’ a bi Mvondo Paul Barthélémy.  

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Petite contribution à la mandelâtrie ambiante

Quand le jeudi 5 décembre 2013 dans la soirée vers 22 h, j'ai pris connaissance par la télé de la mort de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, je me suis dit: "Ça y est ! Voilà le concert de dithyrambes qui commencent et nous en auront comme ça pour plusieurs jours !" 

Frondes étudiantes et coups d'épée dans l'eau (troisième et dernière partie)

Qu’il me soit permis d’achever cette courte série d’articles par la narration de mon unique expérience de frondeur étudiant. Au delà d’un éventuel nombrilisme de l'exercice, ce récit donne un malheureux exemple de plus de l’inconsistance et de la morale sujette à question d'un bon bon nombre de leaders étudiants camerounais. Les événements narrés se déroulèrent à l'université de Douala en 2007, alors que j'étais sur le point d'achever mes études à l'institut universitaire de technologie.

Si la CRTV vous était contée

Cameroon Radio & Television (Photo credit: Wikipedia ) Un de mes professeur nous dit un jour qu'il fallait beaucoup de courage pour regarder la CRTV télé, la chaîne de télé publique du Cameroun. Il ne croyait pas si bien dire tant la télé publique, qu'on avait fini par surnommer  Canal Mendozé,  ne perdait jamais une occasion de mettre en rogne les jeunes télespectateurs dont les familles ne pouvaient pas encore se permettre de s'abonner à la télévision par câble. C'était en 2002 et bien que Gervais Mendozé soit parti il y a cinq ans, la CRTV continue de porter les blessures pulvérilentes de son ère qui dura près de 30 ans. La génération de Camerounais nés dans les années 90 ne peuvent se souvenir de cette CRTV qui nous régalaient avec des fuilletons et des fictions télé produites localement telles que L'orphelin, L'étoile de Noudi, les Feux de la rampe  ou Clin d'oeil. Soyez-en sûres, j'en oublie bien d'autres. Les enfants que nou